Centre Régional d'Initiation à l'Écologie • Ferme d'Uccle • Région Bruxelles Capitale

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Ferme d'Uccle • Région Bruxelles Capitale

LA LINAIRE COMMUNE

Alors que l’automne semble s’être installé pour de bon, que la plupart des végétaux ont déjà distribué leurs graines et que la météo n’encourage nullement à pointer le bout du nez à l’extérieur, la linaire commune continue à égayer les bords de nos chemins. Sa floraison est tardive, mais particulièrement lumineuse, elle qui fleurit en abondance de la fin de l’été au milieu de l’automne.
Illustration, article, 1001 plantes, linaire commune, Jessica Mayne

LINARIA VULGARIS L.

Alors que l’automne semble s’être installé pour de bon, que la plupart des végétaux ont déjà distribué leurs graines et que la météo n’encourage nullement à pointer le bout du nez à l’extérieur, la linaire commune continue à égayer les bords de nos chemins. Sa floraison est tardive, mais particulièrement lumineuse, elle qui fleurit en abondance de la fin de l’été au milieu de l’automne.

La linaire commune, Linaria vulgaris, est une plante herbacée de 40 à 80 cm de haut qui forme de véritables petits massifs assez denses grâce à ses racines traçantes. Supportant bien les températures négatives, elle persiste quasi jusqu’en l’hiver, avant de faner à son tour. Seules ses racines survivent alors dans le sol.

Cependant, si la linaire résiste bien au froid hivernal, elle colonise de préférence des terrains secs et bien exposés à la lumière du soleil : les bords de chemins et de routes, les quais de chemin de fer et les terrains vagues sont ses lieux de prédilection.

Les tiges sont fines et dressées, mais pourtant robustes. Pourvues de nombreuses feuilles étroites de couleur bleu vert, elles rappellent quelque peu celles du lin, d’où le nom Linaria et donnent à la plante une allure gracieuse. Les fleurs, d’un beau jaune soufre, sont réunies en longues grappes denses qui ne manquent pas d’attirer l’attention.

Au premier coup d’œil, elles semblent complètement dépourvues de pistils ou d’étamines, les organes reproducteurs de la plante. Pourtant, en y regardant de plus près, un long éperon, dirigé vers le bas, attire l’attention  : lieu de production et d’accumulation de nectar, il y a fort à parier qu’il soit destiné à récompenser la visite d’insectes butineurs. Et de fait, la fleur qui atteint près de 2,5 à 3 cm de long ne leur est pas indifférente.

Deux pétales jaunes pâles, soudés entre eux et dirigés vers le haut semblent là pour recruter les « passants ». Trois autres, également soudés entre eux, mais orientés vers le bas, permettent de s’arrêter, se poser. Entre les deux parties, un bourrelet jaune orangé, beaucoup plus vif semble refermer l’ouverture et protéger ainsi l’intérieur de la fleur, lui donnant l’allure d’une bouche fermée à deux lèvres, ce qui ne semble pas décourager les insectes.

Attiré par la taille, la forme et la couleur de la fleur, ils viennent en reconnaissance et se posent sur la lèvre du bas. Si leur poids est suffisant, et seule une série de bourdons et d’abeilles domestiques parviennent à le faire, leur venue déclenche l’ouverture de la fleur.

Quatre étamines et un pistil apparaissent alors sous les pétales du haut. Les étamines ne manquent pas d’asperger de pollen ces gourmands qui plongent la tête dans le fond de l’éperon pour s’abreuver du précieux nectar. Passant de fleur en fleur, ceux-ci assurent ainsi un transport très efficace du pollen. En cas d’absence de passage, tout n’est cependant pas perdu pour la plante, car la fleur n’hésite pas à s’autoféconder, en dernier recours. La fleur reste alors fermée, mais le pollen féconde son propre pistil  ! Et heureusement, car certains insectes, trop légers pour actionner le mécanisme et accéder au nectar par la «voie normale» ont trouvé une astuce.

Se transformant en voleurs, ils forent un petit trou à l’extrémité de l’éperon et se servent de nectar sans assurer la pollinisation de la fleur : dans la nature, tous les tours sont permis ! Il n’en reste pas mois qu’une fois pollinisée, chaque fleur se transforme et donne naissance à un petit fruit arrondi d’environ 8 mm de diamètre renfermant de nombreuses graines ailées. Une fois arrivé à maturité le fruit s’ouvre par plusieurs valves et les graines sont dispersées par le vent. Chaque plante portant elle-même de multiples fleurs peut ainsi libérer plus de 30 000 graines, prêtes à coloniser de nouveaux territoires. Cet important pouvoir reproductif et une préférence pour les terrains nus et bien ensoleillés fait de la linaire une véritable plante pionnière.

Intéressante pour de multiples butineurs, la linaire l’est également pour d’autres insectes. Plusieurs petits papillons, par exemple, dont les chenilles se nourrissent de son feuillage, viennent y pondre leurs œufs. Cependant, si la linaire vous séduit pour sa beauté, sa facilité de culture, son intérêt écologique, et que vous souhaitez l’introduire dans votre jardin, souvenez-vous de son incroyable pouvoir reproductif, et dites vous qu’elle pourrait peut-être aussi s’avérer quelque peu invasive !

Danielle Blancke

BIBLIOGRAPHIE :

Le petit Larousse des plantes qui guérissent – François Couplan – Larousse